Alexandra Majoral

Vous pouvez lire sur ce blog des extraits écrits au passé, au présent ou au futur. N'hésitez pas à laisser un commentaire.

23 février 2023

En direct


J O U R N A L 

(màj du 01 / 03)

La transcription de ce journal est en instantanée. j’écris en temps réel. C'est la raison pour laquelle il faut pardonner les coquilles ou autres fautes d'accord. Je ne sais taper pas avec tous les doigts. Ma paensée semble aller plus vite que la frappe. 

À l'heure actuelle, je suis au point Nemo par 48° 36' S, 127° 49' 0, selon mon appareil de localisation. Cependant ce que je vois autour de moi ne semble pas correspondre avec ce que je sais des coordonnées de ce lieu. Tout est allé très vite depuis hier soir. Le soleil est en train de se lever derrière moi et il fait déjà chaud. La végétation est abondante, elle semble tropicale, bien qu’on ne puisse pas vraiment l’affirmer. Qu'elle soit luxuriante est étrange de prime abord. Peut-être par absence d'humidité. Je ne sais pas.J’y reviendrai.

En ce moment m^me j'entends un bruit de très-très basse fréquence qui semble venir du sol. Un bruit sourd qui est parfois à la limite du supportable.

Je suis obligé de me boucher les oreilles. Excusez-moi .  Le bruit est devenu trop fort. Je ne peux plus écrire. Il résonne dans mon ventre et me donne envie de vomir. Je suis obligé d'’interrompre la transcription  S O N

Je reprends le direct dans un instant



La seule et unique qui chose qui compte, c’est de rester le même — maintenant, aujourd'hui, demain— et de tirer les leçon de ses expériences.

J’ai trouvé une affiche collée sur un mur sur laquelle il est écrit :
« Ce que racontent les hommes politiques ce n’est pas ce que les gens pensent, mais ce qu'il faut qu'ils pensent — quand ils parlent en disant “nous”, c'est du blablabla pour que les gens croient y retrouver, en mieux formulé, ce qu’ils pensent et leur façon de penser.
L’Etat aurait-il besoin de sondages d'opinion, aurait-il besoin de la garantie constitutionnelle, si la désinformation était simple. »

Depuis quelques heures, le son s’est arrêté. Je suis allé chercher un endroit où trouver de l'eau. Je suis rapidement tombé sur une sorte de lac, qui n'a pas l’air naturel. L’eau n'a pas un mauvais gôut. Elle est juste un peu salée. J’ai aperçu des poissons que je n’avais jamais vus. J’avais peur de ne pas trouver d'eau tellement l'humidité est basse selon mon hygromètre. Je commence à me demander si tous mes appareils ne dysfonctionnent pas. Je n’arrive à passer aucun appel téléphonique et je ne peux pas non plus envoyer de SMS.

La végétation ne ressemble à aucune de celle que je connais. Enfin ce n’est pas exactement ce que je veux dire. Je connais cette végétation. C’est celle de la forêt tropicale humide. Ceibas immenses, ficus, lianes, palmiers, arbres à feuilles persistantes, succulentes, anthuriums, plantes épiphytes, guzmania, davalia, fougères, orchidées, bromelia, ... Mais l’air est très sec. On est dans un climat aride. Je ne comprends pas comment ces plantes arrivent à survivre dans ce milieu.

Il y a des insectes métalliques qui bourdonnent autour de moi.

Je viens d’en attraper un. Tous les autres se sont échappés immédiatement.

0,5 mm de large et 1 mm de long. Des antennes. Matériaux composites (le GLARE utilisé dans l’aérospatiale). Ça ressemble à un drône.

Je suis retourné au lac. Les poissons ressemblent à ceux qu'on ne trouve que dans les fonds marins, entre - 4 000 et - 10 000 mètres.

Voici quelques images que j’ai pu faire.



Je suis en train de faire le tour du lac. Pour l'instant, je n’ai trouvé aucune rivière qui l’alimente. 
Il y a peut-être une source immergée.
Ce n’est qu’une hypothèse, car ce lac n'est pas du tout naturel.

Ces berges sont maçonnées. Une sorte de béton qui se délite.




Combien y a-t-il de figure de style qui commence par la lettre b ?

Je n’ai rien avalé de bien consistant depuis que je suis arrivé ici. Il suffit de tendre le bras pour cueillir des fruits.
Je ne souffre pas de faim. Le  S O N  a réapparu hier au moment où le soleil se couchait.
Il faudra que je vous décrive les couchers de soleils. Il dure presque deux heures.

Un double lune s’est levée à l‘opposé ; en même temps un vent chaud transportant de la terre rouge s’est mis à souffler. J’ai passé la nuit allongé par terre sur un lit de feuilles à regarder cet astre double évoluer dans le ciel. Je n’ai rien relevé d'inhabituel. Mon corps ne semble plus avoir besoin de plus de deux heures de sommeil. Mon cerveau fonctionne comme une radio qui fabriquerait aussi des images. Mes pensées s’enchaînent l'une après l’autre.


Il y a une mangrove au nord-ouest du lac. J’ai ramassé des huîtres et des palourdes. Autre incohérence du paysage dans lequel je suis.

Tout à l’heure, j’ai passé un bon moment à analyser le mur sur lequel est collée l’affiche.

Eprouvé grande tristesse en me disant que la littérature ne fait plus partie de ce monde.

Oui, j’aurais aimé vivre au moment où écrire n’était pas considéré d’un œil indifférent.
L’indifférence tue. Les indifférents le savent.
Les poètes peuvent survivre à cette indifférence. Mais survivre avec un partie morte d’eux-mêmes, la moitié de leur corps amputée. 

Je suis au bord de ce lac artificiel depuis plusieurs jours. Il me semble que l’eau du lac provient de toutes les larmes des poètes.

Je regarde cette vidéo que tu m’as envoyée. Il y a un tel décalage entre la première fois où je l’ai regardée et le calme étrange avec lequel je la regarde maintenant. Je comprends mieux le sens des ces paroles.

Le pays légal n’est pas le pays réel.
Plus j’étudie le mur, plus je comprends l'histoire : le mur révèle des choses dont je n’avais jamais entendu parler. Il a été construit par les Romains, puis ont été ajoutées différentes couches d’argile, de ciments, de plâtre ou de chaux ; l’ensemble est défraîchi et rongé par le temps. Les couleurs choisies selon les époques se juxtaposent. On retrouve des inscriptions sous les épaisseurs en grattant doucement avec les ongles.

Sur le baratin et la désinformation, l’opinion publique, la doxa et la domination, il n’y a plus grand chose à dire. On ne peut plus penser dans un état où des enfants dorment dans la rue.

J’ai retrouvé le chemin qui mène à un grand viaduc en treillis dont le tablier métallique repose sur des piles en béton ronde. Il combine plusieurs triangles pour être plus résistant et stable (la charge est divisée par deux et la compression est moins forte sur la tension).

C'est un bel ouvrage qui ressemble à ceux du début du siècle dernier.

Etat / Société
Nord / Sud
Est / Ouest

Quel est ton nom ? — Europe de l’Ouest.
Quelle est ton histoire ? — Je ne suis pas capable de raconter mon histoire.
On essaie encore une fois. Prends ton temps. — J’allais te poser des questions.
Il y a une trop grande confusion ici. Des erreurs qui se répètent. Un aveuglement total qui empêche de voir le réel, Des angles morts. La démocratie libérale a échoué

Je me suis baigné dans le lac. En sortant de l’eau, je me suis souvenu que Battos Ier est le roi qui a fondé Cyrène. Il était bègue. Son nom a été utilisé pour fabriquer le mot battologie : figure de style qui consiste à accumuler ou à répéter de façon fastidieuse et inutile des mots qui expriment la même chose: Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
La battalogie est la seule figure de style qui commence par la lettre b.
Redondance, pléonasme ou datisme peuvent être des synonymes.

Batologtzí
sense motiu 
                repetint el teu nom
Sempre estava pensant en tu
al meu cap
en pensaments
sense el meu coneixement
sense saber-ho malgrat mi


Le lac délivre le souvenir des choses dont on n’avait pas connaissance.

Je viens de le comprendre en nageant vers le centre du lac. Des flashes m’ont traversé au sens alchimique : après avoir été en suspension dans l'eau, des particules envahissent mon esprit qui est alors le lieu de sédimentations où des opérations mentales et psychiques, des atomes et des molécules de savoirs et d'informations diverses associés par des liaisons génèrent des substances composées de mémoire.

Il faut réfléchir au phénomène.

Le jour commence sa lente disparition. Ici, les crépuscules durent près de deux heures, comme je vous l'ai déjà dit. Une fois le soleil couché,
une lumière bleue enveloppe tout le paysage. Comme si on avait placé un filtre gélatine sur la poursuite. Elle éclipse toutes les autres couleurs. Ou bien se noient-elle dans ces bleus ? Dans cette zone où je me trouve actuellement en direct, le bleu est une couleur chaude. La photographie que j'ai prise ne traduit pas cette chaleur des bleus en live.





Avant que la nuit ne se fasse noire, tous les bleus alternent et se confondent.
Il y a tellement de bleu !

bleu, aigue-marine, azur, azurin, bleu clair, bleu ardoise, bleu barbeau, bleu bleuet, bleu blondi, bleu céleste, bleu céruléen, bleu charette, bleu charron, bleu ciel, bleu cobalt, bleu de Berlin, bleu de France, bleu de minuit, bleu de Prusse, bleu denim, mers du Sud, bleu dragée, bleu égyptien, bleu électrique, bleu guède, bleu horizon, bleu majorelle, bleu marine, bleu maya, bleu minéral, bleu nuit, bleu outremer, bleu paon, bleu persan, bleu pétrole, bleu roi, bleu saphir, bleu sarcelle, bleu smalt, bleu tiffany, bleu turquin, cæruléum, canard, cérulé, cyan, fumée, givré, indigo, klein, lapis-lazuli, lavande, pastel, pervenche, turquoise




En ce moment, le passé se reconstruit sous cette lumière.
Au moment où le ciel devient noir, toujours le même insecte commence son chant : un cri qui ressemble au bruit d’une roue libre. Ce cliquetis régulier annonce la fin de ce long crépuscule bleu.

Bien que le S O N soit beaucoup plus lointain ces derniers jours  il s’est mis en sourdine), le silence n’est jamais absolu, même la nuit quand je ne parviens pas à dormir.

J’écoute le paysage. Il respire en faisant des théories.
Je suis allongé. Le souffle du lac me berce et m’étourdit si bien qu'il ne me semble pas souffrir d'être tout le temps éveillé et du manque de sommeil. Quand je réussis à dormir, mon sommeil est fractionné et il ne dure qu’un court laps de temps, puisque je me réveille en sursaut aussitôt que je réussis à m'endormir.
Mon cœur afflue et appareille, il monte et dévale, décolle et s’évapore. La respiration du lac s’intensifie. Je m'endors presque.



En marchant en direction de l'endroit où le soleil se lève, et que ma boussole indique comme le nord-ouest, après une heure de marche, j’ai trouvé une villa en ruines. Sa façade est quasiment intacte. Deux colonnes de chaque côté encadrent l'entrée placée au milieu du portique de ce qui devait être une cour intérieure: l'une est ronde l’autre rectangulaire. Pour qu’elles ne s’écroulent pas sous le poids du premier étage, il a fallu les relier par un coffrage, large et épais.
Ces quatre colonnes sont ordinaires, sans sculpture ni ornementation ou style particulier, si ce n’est un écho à une époque classique quelle qu’elle soit et  qu’on ne peut dater. De cette simplicité, classique et naturelle, se libère une émotion qu’éveille l'ingéniosité mise en œuvre par le bâtisseur et ses ouvriers pour persévérer dans une certaine idée de ce que doit être un beau bâtiment. Cet opiniâtreté et cet entêtement à rechercher le beau malgré les lois physiques, les obstacles et les déconvenues m’a toujours troublé. Le chapiteau lui aussi a renoncé aux ordres architecturaux qui déterminent les proportions et les ornementation pour assurer la solidité de la construction. Elles ne sont toutefois pas de quelconques pilastres, étais rudimentaires ou pilier de soutènement.
Leur base est construite en briques. Le bâtiment a des allures d’hacienda.


Je suis passé sous le péristyle et me suis retrouvé au milieu de la cour de cette maison. Le temps s’est distendu.
La tessiture des sons a subitement changé.
Un cheval attaché à un anneau fixé au mur était en train de manger dans un sac de toile épaisse. Le sabot arrière gauche au repos. Ses oreilles se sont orientés dans ma direction sans être plus troublé par ma présence.
Des rires de femmes sortaient des fenêtres ouvertes à l’étage. Elles se racontaient des histoires joyeuses qui les mettaient en joie. Le bonheur volait partout dans cette cour et imprégnait tous les recoins. Même les pavés mal équarris semblaient rire.
Une tête est apparue à la fenêtre du deuxième étage. Les cheveux blonds vénitiens légèrement ondulés relevés derrière et retenus par un chignon vite fait et lâche.
— Ah, vous voilà ! Je descends.
J’ai entendu ses pas dévaler les escaliers.
Elle m’a tendu un panier où elle avait placé une miche de pain et un morceau de fromage sur de grandes feuilles.

Je suis toujours en direct.
Je viens de repasser sous le péristyle en sens inverse. On dirait que cette cour pavée, pourtant si ordinaire, est dans un des plis (qui coexistent avec des branes différentes) au plus profond d'un des multivers où l’on n’est peu de chose.

Je suis devant le lac. Il me parle.

 J’entends encore la voix de l’enfant qui récitait la conjugaison du verbe salir. Sa voix sortait de l'une des fenêtres de la maison, en se mélangeant à celles des rires des femmes qui résonnaient dans la cour. Salir en espagnol. Et le souffle sortir des naseaux du cheval à l'intérieur du sac attaché à son licol.

J'essaie de faire comme le cheval et mes orteils posés à l’envers sur la terre, comme lui son sabot sur le sol dallé de la cour. Je reste dans cette position en regardant le lac. Un air chaud souffle dans les feuilles des arbres.





Le temps s’est distendu une nouvelle fois. Le vent chaud souffle toujours. La jeune fille qui tout à l’heure m’a offert le panier rempli de nourriture dans la cour pavée s’est approchée de moi.
– Il est beau, ce lac.
– Oui.
– Je m’appelle Cesàrea. Cesàrea Tinajero.

J’ouvre de grands yeux. Sur le moment, son nom me rappelle vaguement quelque chose, mais je n'arrive pas à me souvenir précisément.
Je la regarde, je regarde vers le lac et je comprends enfin. La pionnière de l’infra-réalisme.
– Non ? Vous n’êtes pas morte dans le désert, alors ?
–  Comme le chat de Schrödinger. Vous saviez qu’il s’appelait Dada ?
  
 
 et  sont les vecteurs d’un espace de Hilbert où Dada chassait les souris.

– On se marrait bien. 
– C’était avant le distantiel et tout ce qui s’en est suivi.
– Ça déconnait ferme.
– Les souris, on savait tous que ce n’était pas que le truc qui sert à cliquer.

Dans mon rêve, il n'y avait pas d'obscurité.

Cesàrea s’est éloignée de quelques pas. Elle a fait apparaître une pirogue, qui était cachée derrière les joncs et que je n’avais pas vue, et l’a tirée jusqu’à ma hauteur.
– Allez ! Tout le monde à bord ! On fait un tour de lac.

Sans remonter mes pantalons, ni même enlever mes chaussures j’ai marché dans l’eau jusqu'à l’embarcation.

–  Le lac est calme. Étale. J'aime les adjectifs épicènes. L’eau étale. Le lac étale. La mer étale.

Je pensais justement à son seul poème Sión, que je connaissais par cœur et que je me récitais souvent.



Nous avons ramé pendant près d’une heure sans parler. Le lac nous faisait la conversation.







22 février 2023

 




 

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J’ai trouvé cette photographie sur internet : la classe de 6e du lycée de garçons à Montpellier, année scolaire 1954-1955, où figure mon père.

C’est le deuxième garçon à gauche de l’avant-dernière rangée, en partant du bas. La photo a été prise dans la grande cour du lycée de garçons de Montpellier, qui est aujourd’hui le parvis du musée Fabre.

Le lycée a déménagé en 1958 pour intégrer les murs de l'ancienne caserne Joffre.

Mon père porte un blouson léger, type bombers, sur une chemise au col bien boutonnée. Comme ses camarades assis au premier rang, ses pantalons doivent être courts et bouffants et ses pieds, je suppose, chaussés de Converse. Il faudra que je le lui demande, à l'occasion, pour vérifier ; il se peut que, non, que ce soient des mocassins.

En ce milieu des années cinquante, la mode était déjà américaine.

L’année de sa 7e, il a attrapé la tuberculose et a été obligé d’arrêter d’aller à l’école.

Comme il a refusé d’ être envoyé en sanatorium, il est resté durant toute une année à l’isolement, dans sa chambre, en écoutant la radio : les feuilletons de Radio-Luxembourg, l’heure musicale, la musique de chambre, la « musique byzantine » de Léo Ferré sur Paris-Inter, toute la musique sur Radio-Andorre, « La joie de vivre » sur RTF, « l’heure exquise » de Gilbert Carpentier, l’émission « Vingt questions » de Max Favalelli, Robert Rocca et Odette Laure, « Soucoupes volantes » et « Reine d’un jour »  de Jean Nohain, « La porte ouverte », « Caf’ Con’ et music-hall », « Les petites histoires géographiques », « Pour ceux qui aiment le jazz », « Signé Furax » de Pierre Dac et Francis Blanche, « Programme à la carte », « le feuilleton policier et « Jazz Club » « le magazine de l’auto » sur Radio-Andorre.


Le monde venait à lui à travers son poste de radio.


Il a donc redoublé la 7e à l’école Jean-Jacques-Rousseau, où un instituteur avait regroupé dans une m^me classe les élèves pour les préparer à passer l’examen d'entrée en 6e.

A cette époque-là, il habite avenue Foch, dans l’appartement situé au-dessus de l’atelier de tailleur de mon grand-père, qui a appris son métier à Barcelone dans les années 30, à l’École supérieure de la Societat de Mestres Sastres “La Confiança”.


Mon père est né, en Catalogne, à la Seu d’Urgell un 18 décembre, mais il n’a été déclaré sur les listes du diocèse de la ville que le 21 décembre.

Il a passé ses premières années dans la ferme de l’avi. Le catalan est donc la langue dans laquelle il a appris à parler. Quand il repartira à Montpellier, il arrêtera totalement de parler (ni français ni catalan) pendant près d’une année, puis il recommencera à parler, mais en français.

Son père (mon grand-père) était un républicain catalan (de ceux qui pourrissent à l’heure actuelle dans les geôles de l’Espagne qui n’a toujours pas fini sa transition entre le régime de Franco et la république et dont la forme démo-royaliste n’a rien à envier aux toiles que Goya cachait à la cour de Carlos IV). Mon grand-père a participé au combat de Barcelone au côté de son beau-père, le tiet Joan.

Avec les garçons de l’école Jean-Jacques-Rousseau, mon père joue dans le labyrinthes des petites rues de la vieille ville. A Montpellier, on dit les nistons et non les mistons, comme dans le Gard, qui a été consacré par le titre du court-métrage de François Truffaut. En tout état de cause, ce sont des galapiats qui sont libres comme l’air et qui font les quatre-cents coups dans un périmètre à échelle humaine.


Des anecdotes que tous les enfants de l’époque peuvent raconter : brûler des crottes de chiens sous des feuilles en automne, sonner au portes, demander à une mère qui promène son bébé au Peyrou :

–  C’est votre enfant, Madame ?
– Oui !
– Quel oeuf !

La plus révélatrice de mon père est celle qu’il a raconté, un jour où, par provocation, je lui ai demandé s’il “était déjà aller aux putes”.
–  Je ne sais pas si je suis allé aux putes, comme tu dis, mais dans un bordel, oui.

Sa mère, pour ne pas avoir à s’occuper de lui,  lui donnait toujours l’argent du ticket pour entrer au cinéma, si bien qu’il y allait deux à trois fois par semaine sans rien savoir du film qu'il allait voir. Je pense que c’est ainsi que s’est formé son regard de cinéphile, en repérant les nanars des vrais films de cinéma, en regardant les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot après avoir vu le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara. Le cinéma, pour lui, comme beaucoup de jeunes à cette époque, était une passion.

Alors, le bordel. Comme il va très souvent au cinéma, un camarade de sa classe lui dit que chez lui il y a une salle de cinéma avec écran, projecteur et bobines de films. Un après-midi, mon père se rend chez son ami : il se sont entendus pour une séance de cinéma. Il entre dans une grande pièce, qui est une grande cuisine, avec beaucoup de dames qui mangent et d’hommes. L’ambiance est chaleureuse et gaie. Mais, la mère de son ami ne leur permet pas d’aller dans la salle de projection. Mon père passe un moment à parler de tout et de rien avec ses femmes et ses hommes. Il ignore tout de ce genre de lieu que la morale bourgeoise refoule et condamne.











Mon père s’est toujours montré bon prince, tolérant et plein d’indulgence : je défie quiconque de s’attaquer à lui.

Classe de 6e 



 

 
 


21 décembre 2022

Souvenirs d'été







    SOUVENIRS D’ÉTÉ 

                                            à propos d'un quiproquo

 

Les feuilles du tremble             sur ta peau

                       font des ombres qui tremblent

sur ta peau

                                                           ta peau qui est dorée car

 

                       c’est l’été         mon adorée

 

Au bord de cette rivière

qui est un torrent

Près de la frontière

 

 

C’était peut-être un peuplier

Noir     qui se plaisait dans la lumière

Et faisait bouger ses feuilles sur ta peau dorée

 

Il y avait des insectes qui bourdonnaient tout autour

qui chantent qui grésillent qui bombillent

des bourdons ?            des mouches?    des abeilles?

Sur ta peau dorée car

c’est l’été                   

                      

 

Une ombre qui tremble

En plein soleil                         pas si loin vergers sauvages

 

Sur ta peau abricot

Où viennent poser des baisers

les fruits des arbres fruitiers

Minamour

Ma mie m'amour mon amie chante

A la claire fontaine

Dans ce coin d’herbe

au bord de la rivière

 



Deux papillons volent ensemble

au dessus de l’eau

 

Ils mourront au soir

Nous mourrons bientôt

 

Nos bouches sont ces papillons qui volent au-dessus de l'eau

Nous mourrons comme eux

Mais, il ne fut pas s'affoler

L’eau des montagnes est si froide qu’elle brûle            On dirait

Amour On dirait qu'

On brûle comme elle

 

De la mort dans l'amour

Il ne faut pas s’inquiéter

 

Nous sommes comme deux papillons

 

qui vacillent 

Comme l’ombre des feuilles du tremble

sur ta peau dorée

 

Nous reviendrons demain

nous baigner dans la Rotjà

 

l'eau sort des Conques glacée

 

Mardi nous irons sur les plats puis nous suivrons les Esquerdes



Flordeneu nous dira tout ce qu’elle sait

ella ens encanta embruixada

 

Cette frontière n’est pas une frontière pour nous            

                                         (les frontières font les guerres)

 

Ne t’inquiète pas


10 décembre 2022

Droit dans le mur, la harde Sandra Lecoq

Circonstance | Galerie, Le Dojo, Nice

Matériaux divers, hardes, céramiques

Dimensions variables 2021-2023


La peinture déborde : là, quand on croit qu’elle s’achève

Alexandra Majoral


La Harde

2023, voici la nouvelle exposition personnelle de Sandra Lecoq.

En entrant dans la galerie, notre regard est d’emblée frappé par le rythme et la vitesse, le tempo (entre vivace et prestissimo), de cette grande fresque qui s’imposent sur les murs blancs : un peuple, des figures, des corps en mouvement. C’est la turbulence de la vie, son impétuosité, l’énergie qui vous saute à la figure, le bruit et la fureur de qui veut faire avec ce qui lui est donné pour vivre.

La Harde, qui tapisse les murs du Dojo, propose un tohu-bohu de couleurs, un chaos de figures, de motifs et de personnages (un vrai remue-ménage). Se coudoie et se bouscule une foule de personnages et de formes anthropomorphiques hétéroclites.

Nous sommes emportés par cette Harde ; est-ce une fête ? une bagarre ? un combat de rue ? un soulèvement ? un jeu d’enfants ? une révolution ? Ça part dans tous les sens. Ça bringuebale, ça chute, ça grouille, ça vole, ça gesticule, ça valse. La vague est telle que, pris de vertige, l’on ne sait plus si nous sommes les spectateurs ou les personnages de cette fresque couleur chair, où finit notre peau et où commence celle de ces personnages de tissu camaïeux de rose.


Sous l’œil mauvais d’un coq (un gangster à crête rouge et au corps d’homme) braque vers nous son revolver, les personnages sont déchainés, batailleurs, turbulents ou calmes, lents, remuants, statiques ou fougueux ; les uns sont en pleine action, partis pour la bagarre, les autres juste en train de fumer, habillés comme dans une revue de mode, la cigarette à la main ou d’autres encore, sans tête, l’air de poser pour un photographe, portent veste et cravate au dessus de la ceinture et short et tongs en bas, très stylé, les ongles des doigts de pieds vernis, des masqués, démasqués, cubistes à lunettes, les mains dans les poches, des flingues plus grands que nature, des petit monstres la tête dans les épaules qui n’ont pour visage qu’une grande bouche, un enfant sans âge et sans regard, bedonnant, sur une balançoire, des figures de skateurs, des kickflips ou des nollie pop shove, slides et grinds, toute une sorte de gens, des urbains, dreyfusards ou maurrassiens, des hurluberlus, des comiques, des loufoques, des black bloc of one en rose et en leur nom propre, des filles à papa en scooter la bouche ronde et crénelée, grande ouverte qui a peur, des bouffons, un cocktail molotov la mèche allumée prêt à être lancé, celui qu’on appelle Hétophe, des chiens, esthétique du politique, des visages dissimulés derrière une pancarte qui revendique une bouche dans une main et l’autoportrait de l’artiste dans l’autre. Une main posée sur une chute de tissu d’ameublement (un divan, peut-être ?). Pour certains, « Ta gueule » est un slogan. « Female Wild Soul » un autre, mis en abime. Certains leitmotive de l’œuvre de Sandra Lecoq apparaissent dans certains coins.


Des formes encagoulés (la tête dans le torse) qui n’ont de visage qu’une bouche grand ouverte et qui nous font des doigts d’honneur.

Des qui dansent

Des qui courent

Des qui sautent

Des qui font de la balançoire

Des qui tombent

certains crient, d’autres rient


Ces formes anthropomorphiques, ces êtres de tissu, couleur chair, ont envahi l’espace et les murs de la galerie.

On ne sait plus s’ils se moquent d’eux ou de nous, se narguent, s’ils s’interpellent, s’ils se parlent entre eux et se répondent.

Les murs sont devenus un grand terrain de jeux. On est éclaboussés.


Les Hardes

La fresque déploie un peuple de figures et de formes humaines, découpées dans de grands tissus qui se superposent ; elle rappelle et convie le dessin sans fusain ni crayon et la peinture sans ses outils ni ses supports.


Les techniques dites « féminines », aujourd’hui Sandra Lecoq les écarte volontairement, d’une main ferme et agacée. Avec elles, l’image de l’ouvrage de dame. Au este, Sandra Lecoq serait-elle une dame ? Correspond-elle à ce qu’on entend par dame (femme qui se comporte comme ce qu’on attend d’une personne du sexe féminin) ? La réponse sera normande.

Mais, dame, oui ! Mais dame, non ! quand dame est une exclamation marquant la surprise. Car Sandra Lecoq n’est pas à un paradoxe près. Rien n’est certain chez elle. Le doute la hante. Cette inquiétude, ce questionnement est un réel tourment chez elle.

Elle n’est sûre de rien. C’est un être d’incertitudes, de contradictions, de tâtonnements, d’interrogations, de vérités et de contre-vérités, qui avance sans relâche, comme un enfant entêté, trouve des réponses qui se succèdent les unes aux autres, des affirmations antinomiques qui se dédisent les unes des autres jusqu’à l’épuisement.


Dans son atelier, Sandra Lecoq travaille de façon empirique en essayant de résoudre le problème de la quadrature du cercle qui déborde, en l’occurrence, le champ des mathématiques : peindre sans peindre. On la voit toujours porter un tablier de peintre en sergé de coton bleu avec de tâches de peinture, qu’elle pourrait aussi porter dans la cuisine.


Pour cette exposition, Sandra Lecoq a inventé sa propre technique, qui est sans savoir-faire et impose une cadence accélérée : elle lui permet de travailler vite, dans l’urgence. C’est parfois trash, parfois sale, cradingue et brouillon, comme on le dit d’un élève quand il ne s’applique pas, et paradoxalement sophistiqué.

Sandra Lecoq s’éloigne ici du travail de fil et d’aiguille réservé aux femmes. Pour cette fresque, elle ne coud pas : elle colle.

Elle modèle des formes, comme un couturier le fait pour un vêtement, dans des morceaux de tissus, qu’elle colle entre eux, elle découpe. Sandra Lecoq va vite : elle utilise cette technique dans la précipitation, pour aller vite, comme si le temps lui manque.

Les personnages ou les motifs sont ensuite cloués aux murs.


Par endroits, la colle déborde et imbibe le tissu : elle rend alors la couleur plus foncé, délimitant alors une sorte de contour (le trait noir plus ou moins régulier dans la tradition de la ligne claire) ; effet d’ombre et de lumière couleurs en aplats, déchirure du tissus qui donne du relief, de la matière, bords effilés.


Sandra Lecoq


Peintre de formation, Sandra Lecoq bataille, sue sang et eau pour la survie de la peinture, qui a été, un jour, décrétée morte. Elle trace son propre chemin en déconstruisant et reconstruisant sa pratique d’atelier, sa formation et son enseignement, sa relation à l’autre, à ses pairs, à ses maîtres.

Sauver la peinture abstraite a pu un temps la briser. Défaire, déconstruire la peinture. Mais, au bord de la rupture, la réinventer. L’articuler autrement. La renverser. La recombiner. La recomposer. Etre tiraillé. Avec l’énergie du désespoir, il lui a fallu dire non, se rebiffer et crier son désir de la peinture (qu’elle soit abstraite ou figurative), tenir tête et relever le défi de la disparition de la peinture et de son effacement et recouvrer la possibilité de peindre. Se dire peintre. Autrement. Se libérer des tutelles ; mais conserver l’esprit des anges tutélaires.


En effet, on n’assigne pas à résidence Sandra Lecoq et son travail artistique. Même si on devait s’interdire tout sujet pictural qui ne relèverait pas de la peinture en soi ou tout tableau qui ne s’en remettrait pas qu’à lui-même et que le lyrisme serait banni, l’artiste est bien trop impertinente et insolente pour obéir à tout ordre d’où qu’il vienne.

Ainsi, Sandra Lecoq trouve une parade pour se défaire des dogmes et se libérer de sa condition humaine, de sa condition de femme (fille, sœur, épouse mère), de sa condition d’artiste, – cette dernière n’a d’ailleurs jamais été destinée à respecter les règles et les normes ou à se conformer à quelque principe que ce soit. Etre une femme c’est pas de chance ! Il faut faire avec ce handicap, qui est d’être une artiste femme en 2023.

Cette recherche, chez Sandra Lecoq, ne s’est pas faite sans douleurs et sans larmes. Car, c’est son corps tout entier qu’elle engage, comme quand elle jetait de toutes ses forces des slips d’hommes gorgés de peinture sur des toiles posées au sol. Geste artistique, physiquement éprouvant.



Sandra Lecoq ne peut peindre en rejetant toute expression personnelle, tout souvenir, tout rêve, toute fiction. Dans l’objectif de peindre en soi. Elle peint avec sa vie, sa vie de peintre, Débarrassée d’un esprit trop sérieux. Son atelier est une salle de jeu et un terrain de bataille. Elle joue avec la peinture et se joue d’elle et d’elle-même en retrouvant la sauvagerie et la brutalité de l’enfance, son humour et ses drames, ses bizarreries, son sérieux et sa solennité.



Nous sommes de la même étoffe que les songes / We are such stuff as dreams are made on, et notre petite vie est environnée de sommeil and our little life is rounded with a sleep

(Shakespeare, La Tempête ; acte IV, scène 1)



Sandra Lecoq a choisi l’étoffe : guenilles, vieux bouts de tissus récupérés, chiffons déchirés, textiles d’ameublement. Nous sommes de la même étoffe que les songes / We are such stuff as dreams are made on, et notre petite vie est environnée de sommeil. and our little life is rounded with a sleep

Elle taille les rêves qui nous font dans ces textiles pour La Harde où nous voilà tous turbulents irréductible et fougueux. Plantés dans les murs.


Nous sommes de la même étoffe que nos rêves et nous sommes de guenilles et de chutes de tissus.


Voici la harde couleur chair sur nos murs. Dans une explosion de joie qui tient à distance la mélancolie, le cafard ou le spleen, Droit dans le mur, la harde de Sandra Lecoq nous éclabousse de couleur.



Rose

Ce rose, qu’on affectait aux filles, à l’époque où elles naissaient dans les choux, est pour l’artiste la couleur du vivant, de la vie, « le vierge, le vivace, le bel aujourd’hui », le rose de chair et de sang, (opposé au livide, au blafard, au blanc cadavérique), celui de chair et d’os, le rose têtu et entêtant, qui n’a rien d’acidulé, qui est obstiné et résistant, le rose paradoxalement indiscipliné et désobéissant. Le rose doux et fort, comme un oxymore.

Ce rose qui jalonne l’œuvre de l’artiste autrichien Franz West (The Ego and Id, l’Étron et le Néant, Labstück, Lily Of The West, Dorit, Cool Books). Couleur du malabar, le roi des bubble-gums. Du rose cœliaque. Lumière intestinale. Rose crevette Rose viscère. A la fois doux et fort. Ces roses qu’on trouve aussi chez Philip Guston.

Les roses poussière passent soudain au flashy sur des tissus pour fauteuils ou rideaux


autobiopicturalisation

Sandra Lecoq se souvient maintenant qu’enfant, adolescente, toute jeune femme, elle voulait « repeindre la vie en rose » pour la rendre plus douce. Cette idée n’était pas délirante ou fantaisiste, mais un désir violent, une intention catégorique, une volonté ferme : elle voulait y parvenir. Apaiser les tensions, réparer les injustices, renverser l’ordre social pour que le monde soit moins violent pour tous ceux qui ne sont pas dans les normes de l’hétérosexualité comme régime politique dans lequel l’assignation au genre est obligatoire alors qu’il n’a pas du tout lieu d’être. Guillaume Dustan disait : « je voudrais que la vie soit cool », en respectant la dignité humaine de toute personne ; ce qui revient à dire qu’il voulait que chacun ait le droit de vivre dignement, que tout le monde doit être bien traité et que le droit s’applique à tout le monde de façon identique. Repeindre la vie en rose.


Chez Sandra Lecoq, le travail artistique et la vie fusionnent. L’un ne va pas sans l’autre. Ils se nourrissent l’un de l’autre et sont tissés ensemble.


Dans l’art, comme dans la vie physique, pourquoi faudrait-il qu’il y ait qu’une seule vérité ? Pourquoi faudrait-il obéir à un dogme absolu ?


Il y a des expériences, des essais. Des chemins qui ne mènent nulle part. Ce qui pouvait être vrai et juste hier ne le sera peut-être plus demain. Ce qu’on pensait faux s’avère vrai. Ce qui demeurait jusque là une hypothèse finit par être démontré. Pour ce qui est des sentiments, des choix, des affirmations, des émotions humaines. Il en est de même pour ce qui est de l’esthétique.


Avec Droit dans le mur, la harde, c’est de la vie dont elle nous parle, de sa vie personnelle, de son intimité, de sa vie de peinture, de son désir de peinture, de couleurs, de peinture et de méta-peinture.

L’esprit des jeux l’accompagne.

Le souvenir de ces journées à courir dans la garrigue avec son frère Jordi : ils seraient les enfants sauvages d’un territoire minéral et aride, presque désertique, brûlés par le soleil, il inventaient avec ardeur et enthousiasme leurs jeux qui les inventaient eux-mêmes, sans se préoccuper de qui est fille, qui est garçon, sans assignations, sans identités sexuelles, sans ordre moral qui impose à elle un jeu petite fille, à lui un rôle de garçon. Qu’est-ce qu’on invente maintenant dans ce territoire, toi et moi ?

Ce souvenir est toujours celui qui anime Sandra Lecoq dans son atelier. Redevenir enfant sauvage et recouvrer sa liberté de créer.


Sortir du cadre / Troubler la notion de limite

Ainsi, Sandra Lecoq et les personnages de sa fresque me font penser au garçon du tableau de Pere Borrell de Caso, peint en 1874, Huyendo de la crítica (Fuyant la critique) qui déstabilise en troublant la notion de limite. 

Dans ce trompe-l’œil (trompe-la peinture), l’enfant, va-nu-pieds déguenillé, à l’allure négligée, est saisi au moment où il enjamber le cadre, avant qu’il ne fasse son choix : sauter à l’extérieur du tableau ou retourner à l’intérieur. Tout son corps tendu, il regarde à gauche, son regard est apeuré, mais un léger sourire se dessine sur ses lèvres, son regard est peut-être étonné. Peut-être effrayé. Que va-t-il choisir ? Retourner à l’intérieur de la toile ou sauter de l’autre côté ?

Que cherche-t-il en fuyant la critique ? De quel côté est la peinture ? La critique ?

Où commence la fiction ? où se trouve le réel ?

Où se termine la peinture ? Quelles sont ces frontières ? Doit-on l’enfermer dans le périmètre carré de la toile ? Qu’attend-elle ? le surgissement de l’inattendu ? la démesure ? Dans le mur, la harde peut répondre à ces questions.


Au fil de ses expositions, Sandra Lecoq écrit une autobiographie sous forme d’œuvres d’art, en démultipliant les médiums, en passant de l’un à l’autre. Son autobiographie est colorée, exubérante et protéiforme. Ses œuvres visuelles sont des confessions, des autoportraits, des souvenirs, des accusations, des confidences, les portraits d’une intimité, parfois drôles parfois graves : picturalisation de sa vie et du monde ou mieux : autobiopicturalisation dont Dans le mur, la Harde confirme la cohérence, l’excentricité, l’étrangeté et l’inventivité.


Hard.e.s


Sandra Lecoq joue avec la paronymie des mots (sens différents mais même prononciation)

En vénerie (chasse à courre), la harde est un terme technique qui désigne la corde qui relie les chiens par quatre ou six.

C’est aussi une troupe de bêtes sauvages, meute, qui vivent ensemble (la harde de cerfs, de biches) ou d’oiseaux de proie (une harde de corbeaux)

Au pluriel, les hardes désignent des vieux vêtements des chiffons en lambeaux des morceaux de tissu sans valeur des guenilles, déchirées et sales.

En anglais, hard, c’est dur, difficile









3 décembre 2022

Everybody talks about weather... We don't


Identité personnelle

Identité administrative

Identité numérique


A. Qu’est-ce que l’identité personnelle ?


L’identité personnelle répond à la question : « Qui suis-je ? »

C’est la personnalité d’un individu : c’est-à-dire son histoire (ce qu’il a vécu, ce qu’il vit).

L’identité personnelle se compose de :

- l’hérédité (patrimoine génétique, traits de caractères),

- de l’éducation

- et de toutes les relations avec son environnement (que ce soit sa famille, l’école, ses amis, …), 

ses expériences, son histoire.


L’identité personnelle est multiple. En effet, je suis « moi » pour l'Administration, mais l'ensemble de tous mes différents « moi » (toutes les parties de ma personnalité) peuvent changer selon les lieux que je fréquente et selon les personnes avec qui je suis.

Par exemple, je ne suis pas tout à fait le ou la même, si je suis à la maison ou si je suis dans la cour du collège

En outre, quand je suis en classe, je ne suis pas tout à fait le même élève que celui qui est dans la cour de récréation.


Vocabulaire :

- identité légale,

- état-civil,

- filiation


hérédité : ensemble des traits de caractère (physique ou moraux) dont on hérite de ses parents.

Par exemple, si un garçon a les mêmes cheveux que son père (bruns et bouclés), on dira qu’il a hérité des cheveux de son père.

C’est un héritage physique. L'héritage immobilier ou financier est à bannir.


Si une fille est toujours joyeuse et que sa mère l’est aussi, on dira que cette fille a hérité du caractère joyeux de sa mère.

C’est un héritage moral ou psychique.


Pour résumer : Tout être humain naît avec un héritage.  Il s'agit de son patrimoine génétique. En grandissant, chacun fait différentes expériences, qui lui permettent de grandir ou de changer. L’éducation, mon environnement, mes rencontres, ma vie me permettent de voir le monde différemment, d’évoluer, d’agir dans le monde, de définir mes choix et mes goûts, de me construire en tant qu’individu unique et différent des autres, de devenir un adulte.




B. Qu’est-ce que l’identité administrative ?


a) A la fin du XIXe siècle, l’Etat français (l’Administration) commence à classer les Français à partir de données telles que le poids, la taille, les signes particuliers, la couleur des yeux et les empreintes digitales.

Toutes ces données permettent d’identifier un individu. Mais peuvent aussi être trompeuses.



Au départ, le but est de collecter des données physiques et des empreintes digitales pour pouvoir identifier des victimes ou trouver des criminels lors d’une enquête criminelle.




C. La carte nationale d’identité et la citoyenneté


Aujourd’hui, la carte d’identité permet de justifier de son identité administrative.

Elle est obligatoire. (Seule une personne assermentée peut vous la demander)

Elle permet de prouver son identité citoyen, son appartenance à un pays et d’exercer ses droits.

On doit présenter se carte nationale d’identité pour participer à la vie démocratique : elle atteste de notre statut de citoyen aux élections nationale ou locales.

Par exemple, en France, lors des élections présidentielles, ce document doit être obligatoirement présenté à celui qui préside le bureau de vote. Elle est plus importante que la carte d'électeur : car je peux voter si j'ai égaré ma carte d'électeur, mais je ne pourrai pas m'exprimer, si j'ai oublié ma carte d'identité à la maison ou si je l'ai perdue.

Pour s’inscrire à certains concours nationaux, on demande aussi d'être de nationalité française. Il faut alors fournir sa carte d’identité.

Bien évidemment, la carte d'identité ne dit pas tout de vous, contrairement à ce que certains fonctionnaires de l'Etat sont amenés à croire.




Quelles sont les différentes informations que vous trouvez sur cette carte d’identité ?

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D. Le passeport et le passeport biométrique


Un passeport est un document qui permet de voyager à l’étranger. C’est le gouvernement d’un Etat qui le délivre. Le passeport contient les informations permettant l'identification d'un individu telles que les noms et prénoms, le sexe, la date et lieu de naissance, la photographie d'identité, la signature du titulaire et souvent des caractéristiques physiques comme la taille et la couleur des yeux. Tous les passeports ne se valent pas.

Ainsi, si j'ai un passeport français, je peux me rendre dans quasiment tous les pays du monde.

En revanche, si j'ai un passeport iranien, par exemple, certains pays ne m'accorderont pas de visa et je ne pourrai pas m'y rendre pour voyager et visiter ces pays. Ainsi, il existe une inégalité de liberté de circulation dans le monde.


Un passeport biométrique possède une puce électronique qui contient des informations biométriques. Ces informations biométriques permettent d'authentifier l'identité du détenteur du passeport.

L'obligation d'intégrer dans des puces des données biométriques est progressivement mise en place dans certains États, notamment ceux de l'Union européenne.


Symbole distinguant les passeports biométriques







E. Qu’est-ce que l’identité numérique ?


Vocabulaire: 

- identité numérique

 -usurpation d'identité

- harcèlement

- cyber-violence.


Qu'est-ce que l'identité numérique ?

L’identité numérique est composée de toutes les informations que l’on trouve sur vous sur internet.

On parle aussi de l' image numérique d’une personne sur internet.

L'identité numérique se compose de traces volontaires ou involontaires (aussi appelées « traces informatiques ») et héritées que nous laissons sur Internet après chaque connexion.


Il existe trois types de traces :

  • les données publiées par l'utilisateur,
  • l'adresse IP qui révèlent le nom et la localisation de la personne,
  • tout ce que les autres disent sur l'internaute en commentant ses publications.


a) Les traces volontaires sont des informations sur sa vie privée qu’on publie volontairement.

Exemple : les messages et les photos postés sur les réseaux sociaux, les CV, …

Attention : ces données seront toujours publiques et restent stockées sur des serveurs.

Il est difficile de les effacer.


b) Les traces involontaires ou informatiques

Quand je me connecte à internet, mon ordinateur est identifié sur le réseau par son adresse IP.

L’adresse IP collecte aussi des informations : l’heure de la connexion, les sites visités, le temps passé sur ces sites, les pages consultées, les documents téléchargés, les mots-clés de vos recherches, …

Les cookies

Les cookies sont de logiciels espions qui s’installent tout seul sur votre ordinateur et enregistrent ce que vous faites sur internet. Avec ces données, on peut obtenir votre profil numérique : vos goûts musicaux, sportifs, culinaires, votre profession, etc. à des fins mercantiles ou autres.


c) Les traces héritées

Ce sont les traces laissées par les autres internautes quand ils commentent vos publications ou quand ils partagent des photos sur lesquelles vous apparaissaient.


Qu'est-ce que l’usurpation d’identité

L’usurpation d’identité

Si quelqu’un prend votre identité sans votre accord, on dit qu'il usurpe votre identité.

L’usurpation d’identité débute toujours par la collecte de renseignements personnels sur la victime. Les renseignements personnels peuvent être le nom, le numéro de téléphone, la date de naissance, la famille, l’adresse, le numéro d’assurance sociale, le numéro de carte de crédit, le mot de passe de carte de crédit ou de débit ou toute autre information permettant d’identifier une personne.

Les usurpateurs utilisent ensuite ces informations en se faisant passer pour la personne escroquée.






En direct

J O U R N A L  (màj du 01 / 03) La transcription de ce journal est en instantanée. j’écris en temps réel. C'est la raison pour laquelle ...