Le jour où j'aurais dû mourir

Des entrées maritimes enténèbrent le littoral du golfe du Lion. Le ciel de Montpellier est plombé. C'est marin. Après un coup de mer, la Méditerranée est toujours plus calme. Mais sombre. Nous marchons dans le sable.

Mes parents sont devant moi. Je suis restée un peu derrière, arrêtée par une forme plastique dans le sable, un objet, ou un bout d'arbre sculpté par l'eau salée que la mer a rejeté. Dans lequel je vois je ne sais quoi. Je me baisse pour le ramasser. Quelques centimètre à peine, car je ne suis pas plus haute que trois pommes. Je vais courir vers mes parents pour leur montrer ma découverte.

Je ne vois pas ma sœur. Elle n'est pas là. Pas de e dans l'o. À l'école, en séjour blanc à Barèges, peut-être à l'hôpital ?

Une masse noire à quatre pattes se précipite sur moi. Je suis dans la gueule du loup. C'est un chien qui m'attaque. Un berger allemand. Ses mâchoires. De lui,  je ne vois que ses mâchoires.

Ma petite tête d’enfant est dans sa gueule. Il ne serre pas encore les dents. Je parle au chien. Je me rappelle l’implorer, lui demander de ne pas refermer sa gueule sur mon visage. Je ne veux pas qu'il me morde. J'aime les chiens. Il ne peut pas me faire ça. Katy Azel Lily Trot Sushi Oria

– Ne me mange pas ! Je suis née sous les auspices d'Artémis ! J’ai dormi sur les dalles du pont de l’Érasinos à Brauron !

Je vois son palais, ses dents. Sa langue, je ne la vois  pas.

Le chien cède et desserre son étau.

Je n’aurai pas de cicatrices cette fois.

pour Ashley






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